Pulka snowsled Ice Blue : l’avis du pro ! Pulkas
Note 3,5/5
Test & avis : Pulka Snowsled en plastique
Nous vous avions dernièrement fait part d’un avis concernant la pulka plastique bleu Snowsled. Michael Charavin nous propose de compléter ce test en partageant son retour d’expérience…
Testé par
Note du test 3/5
Mika, c’est l’homme qui a traversé la calotte groenlandaise à skis et avec une voile de traction (kite)… Dernière le bonhomme, deux pulkas ont essayé de le suivre… Cet avis « utilisateur » prend toute sa valeur lorsqu’on constate, sur les photos, les épreuves imposées au matériel ! On vous laisse découvrir…
Test : pulka plastique (Ice Blue Plastic) + sac rouge de 250 L
Fabricant : Snowsled
Conditions d'utilisation :
Ce test des pulkas Ice Blue s'est déroulé sur deux saisons, d'abord pendant les phases préparatoires de l'expédition, en Norvège, puis lors de notre traversée sud-nord du Groenland en kite-ski (expédition Wings over Greenland - mai 2008 - Site de Michael C.). Le choix du matériel s'est en grande partie inspiré de l'expédition norvégienne de Niklas Normann (Vindkraftekspedisjonen 2005) : partant du principe que ce qui avait bien fonctionné pour les Norvégiens était adapté à nos besoins, nous pensions nous procurer les mêmes pulkas plastique qu'eux : les pulkas orange "Paris The Expedition Sled 960", aussi appelée Denali.
Pulkas plastique / pulkas en fibres : quel choix ?
Nous avons opté pour l'utilisation de pulkas plastique plutôt qu'en fibres (polyester, kevlar…) pour les raisons suivantes :
le plastique, dans la mesure où il est relativement souple, est à même d'encaisser des chocs importants et répétés (or ce paramètre est une nécessité absolue pour une navigation en kite sur un terrain chaotique, type sastrugis), sans risque marqué de destruction, de bris ou de détérioration de la surface de glisse.
Son coefficient de glisse est vraisemblablement supérieur.
La possibilité d'assemblage en parallèle (en mode "catamaran") est aisée, la structure est facilement aménageable (perforation) pour adapter un système de traction non conventionnel et sur-mesure.
Faible poids et prix intéressant : 2 éléments capitaux offrant la possibilité de partir avec 4 pulkas par kiteur (soit 1 jeu de rechange complet par kiteur) dans le cadre d'un usage atypique et destructeur (surchage des attelages, vitesse de progression, manteau neigeux cahotique, terrain déneigé en fin d'expédition…)
Déjà en possession de quelques pulkas Paris-Denali, nous avons contacté Roger Daynes, équipementier anglais et distributeur européen de ce modèle pour passer commande de pulkas supplémentaires. Il me proposa alors de tester son propre modèle, l'Ice Blue, commercialisé sous la marque Snowsled. Ce que nous avons fait dans le cadre d'un raid préparatoire en Norvège (Hardangervidda), en avril 2007, durant lequel nous avons donc utilisé les 2 marques de pulkas (orange et bleue).
Durant ce raid de 10 jours, nous avons formé 3 attelages de pulkas. Deux de ces attelages étaient constitués de pulkas Paris-Denali, un était composé de pulkas Ice Blue.
Nous avons expérimenté différents systèmes de traction :
Lorsqu'il n'y avait pas de vent, nous tractions indifféremment nos pulkas selon deux modes : "tandem" - deux pulkas en ligne - ou "catamaran" - deux pulkas côte à côte.
Lorsque nous kitions (la majorité du temps), nous utilisions systématiquement le mode catamaran. Dans ce cas, l'attelage de pulkas était relié à notre harnais par une corde dynamique d'au moins 10 mètres de long et équipée, en parallèle, d'un tendeur élastique servant d'amortisseur. Ce mode d'utilisation autorise une très grande stabilité des pulkas, paramètre fondamental lorsqu'on kite : on peut alors progresser sans risque majeur de retournement de l'attelage à des vitesses pouvant atteindre 60 km/h ou sur des terrains déversants…
Alors que nous partions clairement avec un avis favorable pour le modéle Paris-Denali (nous le savions robuste), nous avons été réellement séduits par l'Ice Blue. Au retour, j'informais Roger Daynes de notre intérêt pour sa pulka et lui proposais un banc d'essai plus exigeant : la traversée du Groenland. Roger fut partant et décida de nous fournir l'ensemble des pulkas dont nous aurions besoin.
Au retour d'un second séjour préparatoire en Norvège (février 2008), je le recontactais et lui faisais part de notre entière satisfaction et de nos souhaits : nous allions partir au Groenland avec un total de 12 pulkas Ice Blue et de 6 sacs Snowsled : 6 pulkas serviraient de pièces de rechange en cas de casse. Emboitées deux par deux, elles donneraient, en outre, une rigidité optimale à nos attelages… Il acceptait à nouveau le deal et nous envoyait dans la foulée le matériel complémentaire…
Aujourd'hui, après une grosse centaine de journée d'utilisation des pulkas Ice Blue en mode kite et un minimum de 70 journées en mode ski nordique traditionnel, voici les constats que l'on peut objectivement faire :
Les points forts :
l'Ice Blue possède un très bon coefficient de glisse : un cran au-dessus des pulkas Paris-Dénali. En aparté, j'ajoute - pour avoir régulièrement pu comparer sur le terrain - que ce coef est aussi très supérieur à celui des pulkas Fjellpulken (construction en fibres de verre + gelcoat). Ce paramètre constitue évidemment un avantage majeur dans la mesure où il offre une moindre résistance de l'attelage à l'effort de traction.
l'Ice Blue "avale" parfaitement les reliefs du manteau neigeux grâce à son étrave arrondie. Celle de la pulka Paris-Denali est, au contraire, assez anguleuse et donc moins propice à se dégager d'elle-même des obstacles. En outre, en kite et sur neige fraîche, à partir d'une certaine vitesse de progression, l'attelage a tendance à se soulever du sol au moindre obstacle et à venir ensuite "enfourner" lors de la réception du bond : avec sa carène arrondie à l'avant, l'Ice Blue ressort parfaitement de la neige. Au contraire, la carène de la Paris-Denali a une légère tendance à se bloquer lorsqu'elle enfourne (provoquant des à-coups qui viennent nécessairement se répercuter sur la corde de traction de l'attelage).
le plastique de l'Ice Blue est plus souple que celui dans lequel est moulé la pulka orange. Aussi, lors des premiers essais, nous redoutions qu'il fut moins solide. Difficile d'avoir un avis objectif sur ce point. Mais, en définitive, les pulkas Snowsled se sont avérées bien plus résistantes que ce que l'on pouvait imaginer. Certaines de nos pulkas ont commencé à montrer des signes de "fatigue" (petites fissures sur la partie avant de la carène) après 50 jours d'utilisation dont 30 dans des conditions extrêmes : des journées entières passées par des températures inférieures à - 20 °C dans les Sastrugis. Dans ces reliefs de neige particulièrement acérés et compacts, créés par les vents dominants, et dans lesquels nous progressions par moment à 40 km/h, nos attelages lourds de 130 Kg bondissaient continuellement, parfois à près d'un mètre de hauteur…
La flexibilité du polyethylène (plastique) utilisé explique peut-être la capacité du traîneau à encaisser les chocs. Remarque à propos du polyéthylène : en Norvège, l'attelage orange de l'un d'entre nous, alors que nous progressions à environ 30 km/h, a percuté une pierre de la taille d'un ballon de handball : le plastique de la pulka s'est déformé sous le choc (sans casser). Quelques minutes plus tard, il avait retrouvé sa forme originelle…
Le sac rouge de 250 L, qui s'achète en plus de la pulka, est d'excellente facture. Sa première qualité est d'être particulièrement solide. Certes, son poids s'en ressent : 1 Kg. Mais cet aspect est très secondaire au regard de sa résistance et de la fiabilité de son zip. Là encore, après l'utilisation extrême que nous en avons fait, on ne peut déplorer qu'une usure superficielle du tissu en quelques points de frottement. Son double curseur en assure une ouverture rapide et très pratique.
Par ailleurs, l'étanchéité du sac est excellente (nous avons progressé par des temps épouvantables en Norvège ; nous, skieurs, étions trempés jusqu'au os, mais l'équipement stocké dans les sacs était sec).
Enfin, il servira très avantageusement lors du transport du matériel d'expédition durant les phases d'approches (transports aériens, ferroviaires, nautiques…).
Pour conclure sur ce point : le sac Snowsled s'avère beaucoup plus résistant, plus imperméable et plus pratique d'utilisation que la bâche rivetée sur les pulkas Fjellpulken. Quant à la Paris-Dénali, elle est fournie sans aucun sac…
Poids de l'ensemble pulka + sac + sangles : environ 3,4 Kg. Ce qui en fait une des pulkas les plus légères du marché. La séparation aisée du sac du reste de la pulka (associée à la robustesse du plastique) facilite son conditionnement et sa manutention pendant les phases de transport (avions, etc).
Les points faibles :
Le point faible de l'Ice Blue résidait peut-être dans son système de sangles maintenant le sac sur la pulka. En effet, les clips des sangles ont montré quelques signes de fragilité par grand froid.
En outre, au nombre de trois par pulka, les sangles étroites ne permettaient pas un compactage optimal du volume que nous transportions. Depuis, Roger Daynes a pris en compte nos remarques et rajouté une 4ème sangle de serrage.
Mais là encore, il me faut préciser que ces faiblesses sont à relier avec l'utilisation extrême que l'on a fait de ce matériel (qui n'est en principe pas conçu, je le rappelle, pour les poids et les volumes transportés lors de notre expé au Groenland). Il m'arrive d'utiliser l'Ice Blue dans les conditions pour laquelle elle a été conçue (c'est-à-dire une autonomie maximale de 2 semaines) et par des températures inférieures à - 25 °C sans gêne ni casse.
Un détail de fabrication sur les pulkas orange avait retenu mon attention : la présence d'œillets métalliques renforcent l'ensemble des orifices percés sur le pourtour de la coque (perforations par lesquelles passe la corde de traîne par ex, ou grâce auxquelles on reliera facilement 2 pulkas ensemble…) et réduisent l'usure possible des cordages utilisés…
Mais force est de constater que l'absence de ce type de renforts sur l'Ice Blue n'a été source d'aucun soucis vis-à-vis des coques de pulka ou des cordages employés (qu'il s'agisse de la cordelette servant à coupler les pulkas ou de la "tête de fixation" de la traîne sur l'attelage - cette partie étant très sollicitée, nous avions opté pour de la corde dynema). Et cela, toujours en dépit des contraintes extrêmes que nous avons fait subir à nos pulkas…
Enfin, un petit inconvénient, mais peu criticable car étant la conséquence directe d'un point fort, la glisse : dans le cas d'une progression avec un système de traîne souple (cordage) et sur des pentes déversantes, la pulka "dérape" systématiquement : la présence de rails peu prononcés sur la carène de la pulka n'empêchent pas ce dérapage incontrôlé dans les dévers. Pour palier à cet inconvénient, le skieur nordique traditionnel pratiquant sur des terrains non plats (c'est-à-dire ailleurs que sur les grandes calottes glaciaires) utilisera la traîne rigide (brancard) vendue par le fabricant. Quant au kiteur, il lui faudra accepter ce petit inconvénient lorsqu'il pratique en terrain vallonné. Mais il gardera à l'esprit que c'est bien ce dérapage systématique qui garantit, dans la très grande majorité des cas, la parfaite stabilité de son attelage. En outre, dans les zones de sastrugis au Groenland, nous avons très souvent constaté que les pulkas, constamment déviées de leur trajectoire par la présence de reliefs très marqués, partaient là aussi "au dérapage" : plutôt que de suivre une trajectoire absoluement rectiligne et de venir buter sur les obstacles majeurs, elles avaient tendance à "esquiver" et suivaient ainsi un cheminement légèrement moins chaotique…
Pour compléter ce point de vue, voici ce que j'écrivais concrètement à Roger Daynes à notre retour du Groenland :
" Nous avons été très satisfaits de nos pulkas : jamais nous n'avons constater de problèmes durant les 2215 km parcourus sur l'inlandsis, et ce en dépit des conditions parfois extrêmes que nous avons rencontrées : les 800 km parcourus dans les Sastrugis furent un véritable laboratoire d'essai pour tout notre matériel (nous avons cassé des bouteilles thermos, du matériel électronique, perdu 1 L de carburant pour réchaud, réduit toute notre nourriture à l'état de poudre…). Nous pouvions voir nos pulkas faire des bonds surprenants derrière nous (en quelques rares occasions, nos attelages doubles parvenaient même à se retourner…). Mais nous avons toujours constaté qu'elles encaissaient tous ces chocs sans jamais casser…
Nous avons seulement noter une fissuration naissante sur une seule carène de pulka après les 2215 km parcourus.
Rien à dire à propos des sacs de 250 L : toujours parfaits !
A notre avis, une seule chose pourrait être améliorée : ajouter une 4ème sangle de serrage, préférer des sangles plus larges et opter pour des clips plastiques plus résistants (nous avons cassé certaines de ces boucles).
Le choix d'utiliser 4 pulkas chacun fut excellent : il rendît nos attelages beaucoup plus résistants (avec seulement 2 pulkas chacun, nous aurions probablement eu plus de casse dans les Sastrugis).
Lorsque nous avons quitté l'inlandsis, nous avons dû tracter nos attelages 13 heures durant dans les cailloux, puis dans les blocs d'un petit canyon, avant de pouvoir rejoindre la banquise. Évidemment, et comme nous l'avions prévu, nous avons alors totalement détruit les 6 coques qui constituaient la base de nos attelages. Aussi, une fois le fjord Bowdoin atteint, nous avons remplacé celles-ci par les coques de rechange afin de parcourir la trentaine de km de banquise qui nous séparait encore du village de Qaanaaq, notre point d'arrivée.
Pour notre prochaine longue expédition en kite-ski, nous serons heureux de repartir avec des pulkas Ice Blue, Roger. Et tout particulièrement si vous développez un modèle de pulka plastique plus gros. Encore merci pour l'intérêt que vous avez porté à notre expédition."
Plus d'informations :
Vente et distribution en France :
- Magasin Aventure Nordique (Tél : 04 76 39 79 67)
Location en France :
- Magasin Altiplano à Villard-de-Lans (Tél : 04 76 46 15 81)
- Magasin Pecoud Sport à Mouthe (Tél : 03 81 69 10 46)
Notice de montage en téléchargement ici
Site web Snowsled : www.snowsled.com
Textes et photos © Michael Charavin
Note du test 4/5