Traversée Velay - Vivarais France > Massif Central

Arrivée tardive (22h) à St Julien Chapteuil, sous la neige. Nous sommes parvenus à passer sans équipements depuis Toulouse avec toutefois quelques kilomètres difficiles sur les deux petits cols routiers franchis depuis Rodez et Mende. Notre chambre d'hôtel bien chauffée et confortable nous attend au « New Barriol ».

1ère étape « Le plateau » Boussoulet – Médille - 26km environ - 8h

Le copieux petit déjeuner de l'hôtel (très bon fromage frais local) nous met en forme pour débuter cette traversée. Il a neigé pendant la nuit et quelques flocons nous mettent bien dans l'ambiance. Nous accédons quand même sans chaines depuis St Julien Chapteuil au point de départ, au hameau de Boussoulet.

Nous partons en suivant plus ou moins le GR40, en terrain essentiellement dénudé. Le temps est assez variable : averses de neige et vent agrémenté néanmoins de quelques éclaircies.
Après Roffiac, le passage en sous bois s'avère bien appréciable en reposant du vent. Nous quittons le GR40 pour une jolie descente par un chemin privé vers le lac de St Front, entièrement enneigé. Après une brève remontée, nous ferons halte pour déjeuner dans une grange ouverte au milieu du bois de Chaudeyrac (abri sommaire possible).

Nous rejoignons Chabournouse et la D500 traversée, nous choisissons l'option de piquer directement vers le Lignon en contrebas. La descente assez raide sur une neige parfois très dure. Nous trouverons bien le petit pont attendu (à ne pas rater…) qui va nous donner accès à la remontée vers Chaudeyrolles (bar, cabine téléphonique).
De là, la route enneigée et barrée de congères nous amènera à Chantemerle où nous reprenons le GR73. Deux raides montées plus tard nous atteignons un petit col avec une belle vue sur la face nord-est du Mont Mezenc. Une dernière descente que nous prenons dans les pâturages nous amène à la ferme auberge de Médille en quelques virages. Les oies et autres volailles ainsi que les chiens de notre hôtesse nous souhaitent la bienvenue bruyamment.

Excellent accueil à cette ferme toute rénovée et très chaleureuse. Diner tardif mais très sympathique avec deux autres groupes de randonneurs en ski de fond et raquettes qui arrivèrent assez tard. L'apéritif maison est à découvrir. Le repas préparé avec des produits fermiers est excellent. Le plus grand groupe repartira vers les Estables en raquettes sous la peine lune après diner : festif et sportif !

2ièm étape : Médille - Sagnes et Goudoulet – 32km environ - 9h

Départ un peu tardif à 8h30, après quelques bavardages autour du petit déjeuner nous offrant un vaste éventail de confitures maison. Le groupe de skieurs de fond se propose de faire le tour du Mezenc en partant vers le sud. -10° au thermomètre. Temps encore couvert. Notre hôtesse nous indique aimablement un magnifique raccourci pour gagner le Mont Mezenc par le Nord. Nous mettons les peaux pour ne pas gaspiller nos forces et après être remontés au collet franchi le jour d'avant, nous suivons une crête longeant la forêt avec un ressaut plutôt raide et grâce à une trouée dans les sapins rejoignons une piste de fond. En prenant à gauche (attention orientation peu naturelle…), nous arrivons après quelques kilomètres et en ayant croisé quelques adeptes du skating à la croix de Piccata. De là nous suivons un peu la piste bleue « la source » qui monte à gauche et que nous quittons dans un virage vers la droite, en suivant le chemin en sous bois qui nous amènera rapidement juste en dessous du sommet. Malgré l'amélioration sensible du temps, l'horaire un peu tardif et l'aspect peu skiable du suc sommital nous convainquent de ne pas faire le sommet mais continuer directement notre trajet.

Nous errons un peu pour trouver la voie de descente : la forêt est devenue bien épaisse et le seul tracé praticable s'avère être le sentier tracé sur la carte IGN. Il nous offre l'occasion d'une descente inoubliable en sous bois, assez rapide par endroits : les skis courts font merveille et nous ne regrettons pas nos vieux E99 de 2m ! Arrivé à la croix des Boutières, l'itinéraire continue en forêt puis offre de belles vues sur le cirque volcanique des Boutières. Trois skieurs s'éclatent dans une jolie descente en telemark dans 50cm de poudreuse vers le fond du cirque : belle invitation à revenir skier ici ! Après un passage en amont de l'ancienne chartreuse de Bonnefoy que nous ne verrons pas, nous finissons par sortir de la forêt et faisons l'arrêt déjeuner en vue du Suc de Lauzières : la pelle sert à faire un petit banc de neige et assis sur les skis, sous un beau soleil nous admirons le paysage agrémenté du passage de quelques traineaux attelés de chiens.

Nous repartons vers le suc de Lauzières que nous laissons à droite. Belle vue sur le Mont Gerbier de Jonc, cher à nos instituteurs de primaire. Notre intention initiale était de se frayer un chemin entre le suc de Séponet et le Sépoux. Nous atteignons difficilement le Séponet en longeant ses pentes (traversées raides) mais aucun passage visible ne s'offre à nous pour aller plus loin. Les sentes de la carte IGN sont introuvables (si vous trouvez le passage, merci de me contacter ou mieux de m'envoyer la trace GPS pour compléter le topo !). Nous rebroussons donc chemin sur 2 km et une petite descente nous permet de rejoindre le GR7 qui nous mène ensuite à la route que nous suivrons. Les gravillons de sablage nous empêchent de l'emprunter et nous suivons tant bien que mal ses abords jusqu'au carrefour sur la Loire, encore petite rivière à 3km de ses sources. Le pont traversé, nous suivrons la rive gauche de la Loire avec une traversée assez délicate en sous bois: heureusement la trace est déjà faite dans les pentes raides mais nous déchaussons plusieurs fois pour franchir des ruisseaux. Une manifestation importante (raquettes) est apparemment passée par là. Nous débouchons sur le petit pont en aval de Sainte Eulalie où les traces de ski redeviennent nombreuses.

Une remontée avec des parties en glace, nous amène à une route puis après la traversée nécessaire d'un bois clairsemé (plus étendu que sur la carte IGN…) nous rejoignons le GR de Pays qui nous amènera à Sagnes et Goudoulet à la nuit tombante. Descente raide pour finir et traverser le pont en aval de Sagnes (pré à droite préférable au chemin).

Nous gagnons la ferme auberge « Les Grandes Sagnes » située juste derrière l'hôtel. Notre hôtesse du jour est enchantée de nous voir arriver : elle commençait à être un peu inquiète pour nous. Une chambre douillette nous attend: quelques élongations et une douche chaude seront bienvenues pour la détente après cette étape. Le soir, diner au café/restaurant/épicerie du village ouvert juste pour nous ce dimanche soir : il y a concours de belote dans le village et ce sera un ami retraité de la tenancière qui assurera le service: bon repas, agréable petit rouge de Ruoms bien assorti à la tomme de vache fermière locale et conversation conviviale nous préparerons à une bonne nuit de repos.

3ième étape « La forêt » Sagnes et Goudoulet – Col de la Chavade – 29 km environ – 9h

Nous nous levons assez tôt (7h) pour cette longue dernière étape et partons très motivés par les propos du mari de notre hôtesse, ex moniteur de ski de fond, qui nous annonce « 2h pour rejoindre la Chavade » le sourire aux lèvres. Un beau temps froid (-8°) nous attend. Le départ du village illuminé et enneigé est somptueux. Une petite grimpette nous met vite en jambes et nous permet de profiter d'une belle pente facile de neige poudreuse, où je me risque à quelques virages se voulant telemark: à défaut de style, le plaisir de skier est bien là ! Puis nous traversons un plateau en neige dure, sous un vent assez frais pour rejoindre facilement La Brousse. De là, l'itinéraire continue en forêt. Plusieurs traces de ski et de raquettes, sorties du week end sont présentes. Nous rejoignons le Lac Ferrand enneigé et désert. Deux gites y sont ouverts, l'un aux abords immédiats du lac, l'autre vers la D536 à 500m.

Nous poursuivons en suivant le GR7 avec une jolie descente dans un sentier encaissé en sous bois. Plus loin le temps extrêmement clair nous permet dans une trouée de voir les Alpes au delà de la vallée du Rhône. Nous passons à 3km de Mazan L'Abbaye et profitons d'un passage dans un sous bois bien abrité du vent pour la pause déjeuner.
Nous repartons ensuite rapidement à découvert en longeant la bordure d'un bois. Les aboiements des chiens de la ferme de Maisonneuve nous accompagnent. Nous arrivons au Cros de Boutazon et rejoignons la D239 par une montée raide terminée par une imposante corniche de neige où nos skis enfoncent gaiement. Le GR quitte cette route après 1 km pour une jolie dernière traversée dans une jeune sapinière se terminant par quelque beaux virages en poudre avant de recroiser la route. Le dernier kilomètre du GR menant au Gite de Lesparet où nous avons donné rendez vous à notre taxi, ne semble guère skiable dans une pente raidasse couverte d'une forêt assez dense. Nous le contournons donc par la route puis une pente dénudée, avant d'atterrir sur la RN102 et ses cortèges de camions. Le petit gite est en amont de la route et aucun parking n’existe, rendant tout stationnement dangereux. Il aurait été préférable de finir au Col de le Chavade.

Nous n'aurons croisé personne sur cette dernière étape, qui s'est avérée très agréable par ses longues traversées en forêt et les quelques pentes skiables où la qualité de la neige a été un plaisir.

Informations pratiques :
Topo :
Itinéraire suivi, d'après le topo original : Randonnée à ski nordique dans le massif central - Annick et Serge Mouraret (Editions Créer - Janvier 1980)

Cartographie :
IGN 2835 OT Le Puy-en-Velay / Yssingeaux
IGN 2836 OT Gerbier de Jonc / Mezenc / Vivarais
IGN 2837OT Lac d'Issarles / Thueyts / Sources de la Loire

Sites web utiles :
www.ski-ardeche.fr/chavade.htm
www.masdupasdelane.fr
www.medille.com

Temps / dénivelées :
Tous les temps sont donnés en ski de randonnée nordique, en faisant la trace dans les conditions de neige rencontrées (ici neige poudreuse en général sur sous couche portante ou bien neige dure voire glacée) et rythme « ballade » avec des sacs à dos moyens (randonnée de 3 jours de vivres de course, pas de sac de couchage car nuits en gite), et en incluant les arrêts.
Les kilométrages et dénivelés sont ceux relevés dans la trace GPS et calculés par le logiciel Gpstrack après lissage. Ces kilométrages sont couramment inférieurs de 10% à ceux lus sur le GPS sans lissage (cumul de petites erreurs).

Difficultés :
Pas de difficultés sérieuses hormis la longueur des étapes. Joint à un engagement faible, cet itinéraire est à conseiller pour l'initiation au raid (bien meilleur que la Margeride par exemple de ce point de vue).
Quelques descentes peuvent s'avérer délicates en ski de fond : ski courts à carres conseillés. Par ailleurs la Burle crée rapidement des zones glacées. Là aussi les skis à carre sont un élément de sécurité et de rapidité. Quelques montées peuvent s'avérer plus rapides avec des peaux autocollantes mais sans obligation.

Engagement :
Itinéraire relativement peu engagé bien que assez peu fréquenté, car on reste toujours à environ 5km au plus d'un hameau ou d'une des nombreuses fermes habitées qui pourraient offrir un abri ou un secours en cas de gros problème. Couverture probablement faible en téléphone portable (non testé). Pas de réseau de secours VHF déclaré.
La Burle (fortes bourrasques neigeuses ou pluvieuses) est toujours un risque ici et les températures peuvent être basses. Des vêtements pour ce type de conditions sont donc nécessaires (vêtements très chauds, moufles chaudes de rechange, masque de ski, foulard ou cagoule, bonnet chaud ou chapka, couverture de survie au cas où) ainsi qu'une bonne appréciation des conditions météo et de la capacité physique et mentale du groupe. L'enneigement permet rarement des abris en neige et les cabanes sont rares. Le sac de couchage se justifie donc peu et doit être accompagné d'une tente sérieuse. On peut préférer la légèreté et la mobilité.
L'itinéraire peut être difficile à trouver notamment sur la première étape: un GPS même basique aide à la sécurité et permet souvent de gagner du temps même par beau temps.
L'itinéraire semble globalement peu propice à des avalanches. Néanmoins les pentes plus raides des sucs ainsi que la descente éventuelle dans le cirque des Boutières pourraient justifier le triptyque Arva, pelle, sonde.Une pelle est toujours utile par groupe ne serait ce que pour le confort des arrêts déjeuner et éventuellement dégager la voiture à l'arrivée !

Un thermos de boisson chaude est toujours bienvenu sur ces hauts plateaux en hiver : tous nos hôtes nous ont offert de l'eau chaude sans difficulté. L'usage de gourdes avec housse isolante est conseillé. L'usage des gourdes à pipette est lui déconseillé (gel quasi systématique).
Une paire de raquettes légères de secours peut s'avérer utile en cas de bris de skis, évidemment plutôt supportable pour un groupe important.

Accès :
Le départ se fait depuis le hameau de Boussoulet proche de St Julien Chapteuil. L'accès à St Julien est généralement possible en voiture sans difficulté particulière sauf très fort enneigement. Par contre la montée à Boussoulet peut nécessiter des équipements spéciaux (pneus neiges, chaines).
Une navette de voitures ou la prise d'un taxi est à prévoir entre le départ et l'arrivée (compter 1h30).
Le sens conseillé de parcours étant Nord-Sud, si vous venez avec une seule voiture du sud, il est préférable de laisser la voiture au Col de la Chavade où un hébergement est possible et de prendre un taxi pour rejoindre le départ le matin du premier jour (possible à partir de 7h).

Trace GPS à télécharger :
format Gpx
format Gtr<br/>

Texte et Photos : Bernard Charlot