Ski Nordique en Norvège Norvège > Norvège du Sud > Hardangervidda

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Durée : Plus de 4 jours

Difficulté : Moyenne

Pulka : accessible

Et pourquoi pas du ski nordique ? C’était une des réponses farfelues de Mathilde à notre question du moment : « qu’allions-nous bien pouvoir faire fin Avril ? ».

Le récit d’aventure de Manudad commence ainsi…
La question n’était pas innocente sachant qu’un tour du monde en 2x80 jours était prévu… Alors, pourquoi ne pas s’offrir une ballade en Norvège ?

Nous ne pouvons pas prétendre avoir fait tous les beaux raids en ski de rando, loin de là, mais l’idée d’expérimenter une nouvelle activité fait rapidement « tilt ». Nous nous lançons donc dans les recherches à propos du matériel, des destinations possibles à cette période, à éplucher les sites internet, à feuilleter des anciens magazines, à discuter à droite à gauche. Des destinations comme le Groenland, le Spitzberg, la terre de Baffin nous font rêver. De grandes étendues avec un peu partout des sommets plus ou moins grands, posés, comme tombés du ciel. Puis la raison prend le dessus sur le rêve. Pour se lancer dans cette nouvelle activité, nous finissons par reconnaître que c’est un peu trop ambitieux d’ajouter le grand froid, l’éloignement, l’autonomie complète, et surtout l’éventuelle rencontre avec le maître des lieux : l’ours blanc.

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Et c’est finalement dans un vieux topo que la destination idéale nous apparaît : la Norvège. Ce pays s’étend allègrement du Sud vers le Nord au-delà des 60°, offrant plein de possibilités en terme de relief, d’isolement, de latitudes et donc de températures. On y trouve de belles montagnes de tous types, allant du « un peu vallonné » jusqu’au relief alpin bien escarpé. Le massif du Filefjell semble un beau compromis : des dénivelés raisonnables, des jolies montagnes, pleins de lacs, des températures acceptables et des conditions météo allant plutôt vers le stable au mois d’Avril.

Mercredi 15 Avril 2009 :
Après une nuit sur le parking de l'aéroport de St Exupéry, nous voici à attendre le pied ferme notre attirail devant le tapis roulant de l’aéroport d’Oslo… Comme d’habitude, nous nous retrouvons les derniers à attendre : tout le monde a récupéré ses bagages sauf nous …
Moment de doute… puis soulagement. C’est bon, nous ne nous retrouvons pas en galère dès le début du périple !

Direction la gare, et nous enchaînons par 4h30 de train, pendant lesquelles nous commençons à s’imprégner du décor : des rivières et des lacs gelés de partout, et surtout de la neige à partir de 600m, ça s’annonce bien ! 20h30, Finse Railstation, nous sommes les seuls à descendre à cette station (?). C’est une petite bourgade perdue dans les "hauteurs", un peu avant que le train ne redescende vers Bergen. Il n’y a pas de route dégagée, pas de commerce ouvert, et pas un chat. Le petit crachin neigeux n’entame pas notre motivation, et nous chaussons directement les skis pour rejoindre le refuge 500m plus loin. D’ailleurs, il faudrait plutôt appeler ça un hôtel : salle de lecture, petite tables avec la nappe assortie aux rideaux, réception avec la petite cloche qui va bien, il fait chaud, bref grand luxe. « Dis tonton, pourquoi on a prit une tente ? »

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Nuit très calme, avec les douces couettes et l’odeur du pain chaud au réveil. Sans parler du petit déj buffet avec céréales, confitures, fromages, charcuterie…
Bon, faut pas trop qu’on se lâche sinon on va jamais pouvoir décoller !

La première journée se passe avec vue imprenable sur … nos spatules : le brouillard est là, et nous sommes bien content de trouver le piquetage fait avec des branches plantées dans la neige tous les 20m. C’est un boulot de fou ces woodsticks ! Et c'est bien utile dans le white-out d'aujourd'hui. Le DNT (+ ou - équivalent norvégien du CAF) et d’autres associations privées dépose ces branches sur plusieurs centaines de kilomètres à travers la Norvège. Selon les régions, et l’enneigement, ce piquetage est mis en place à partir du mois d’Avril.

En fin de journée, une belle éclaircie nous fait enfin découvrir les alentours : du blanc de partout (remarque, dans le brouillard, c’est un peu pareil…) et des montagnes plutôt au profil arrondi, et ce à perte de vue. Bonne ambiance.

Puis les jours s’enchaînent avec le soleil cette fois, et les traversées de lacs gelés avec quelques petites frayeurs quand la jambe se met à s’enfoncer un peu plus que de raison. Et aussi les petits raidillons qui font monter la pompe dans les tours, et les premières descentes acrobatiques avec la pulka qui pousse aux fesses.

Nous avons opté pour la solution « une pulka et un petit sac à dos » pour 2, et nous avons échangé de temps à autre. Il faut bien dire que la pratique du ski nordique est plus axée sur le coté distance parcourue que sur le dénivelé comme en ski de rando. Donc le coté descente n’est pas un but en soi, et donc avoir la pulka n’est pas vraiment un problème si l’on est bien parti dans cet état d’esprit. Les descentes se sont faites en chasse-neige, avec des tentatives de tout droit, des traversées, quelques gamelles, mais jamais avec une belle godille.

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Cette solution s’est avérée pertinente, permettant de ne pas avoir les épaules et le dos en compote à chaque fin de journée. Évidement, une option avec toutes les nuits en refuge aurait permis d’avoir une charge totale plus réduite, et donc d’avoir 2 petits sacs à dos sans avoir trop mal au dos, mais c’est un autre style d’approche, ne permettant pas de goûter à la pleine sensation d’isolement de ces territoires nordiques.

Et passer une dizaine de jours « en traînant » sa maison et tout ce dont on a besoin est vraiment une expérience. Pour profiter pleinement des bivouacs, il est important de prendre une tente spacieuse, dans laquelle il est possible de se changer, de mettre à sécher des affaires, de manger, sans se contorsionner , sans choper un torticolis, et sans renverser la gamelle du voisin à chaque mouvement.

Nous avions la majeure partie de notre nourriture dès le départ (pulka complète pesée à 45 kg) mais nous avons pu nous ravitailler une ou deux fois dans des refuges « libre-service » où il y a des étalages de soupes, pâtes, céréales à disposition. Une caisse permet de laisser son règlement soit en espèce, soit en renseignant son numéro de carte bleue… Un fonctionnement très agréable qui repose à 100% sur la confiance. Et l’état des refuges « libre-service » est tout simplement déconcertant par rapport à ce que l’on peut trouver dans nos contrées. Il y a de la vaisselle propre pour au moins 12 personnes, des torchons propres, des couettes, … Un vrai régal, qui donne envie de maintenir le lieu dans un bel état et de passer la serpillière en partant !

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Aujourd’hui, au réveil, le brouillard est revenu nous dire bonjour. Et comme notre ami Murphy (inventeur de la loi de l'emmerdement maximum) est lui aussi de la partie, aujourd'hui, le piquetage n’est pas là pour nous montrer la route (ou alors nous ne l’avons pas vu). Du coup, le GPS prend le relais, avec les aléas que cela comporte : précision de l’appareil, petite barre rocheuse vue au dernier moment, descente puis remontée alors que l’on aurait pu suivre les lignes de niveau, bref, genre de situation où l’on est content d’avoir apprit à se servir de l’engin avant de partir et de connaître ses limites.

On se retrouve à descendre relativement bas, et à devoir traverser une route en portant la pulka. Heureusement, nous avons déjà quelques jours derrière nous et le stock de nourriture se fait plus discret et moins lourd. Puis on enchaîne par une traversée partielle du lac de Tyin sur 2-3 kms. La glace recouverte de neige change d’aspect et de couleur par endroit, nous faisant hésiter quelques instant à prendre pied sur le lac. Nous sommes à seulement 800m d’altitude, fin Avril, il fait env 7°C, le doute m’habite…

A pas de velours, me faisant le plus léger possible, j’engage un ski puis l’autre, m’attendant au fatal « crac » aquatique. Mais il n’en est rien. J’essaye alors de planter timidement le bâton au travers de la neige, et je touche une couche de glace qui semblerait pouvoir supporter un éléphant sans soucis. D’ailleurs, quelques centaines de mètres plus loin, quelqu’un a du venir pécher car il y a un trou de 1m de diamètre avec une sorte de petit banc confectionné en neige. L’épaisseur de glace à cet endroit semble être proche du mètre… Mes doutes précédents me reviennent, et je me dis pour me consoler qu’on est jamais trop prudent…

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Le dernier bivouac se fait cette fois en partie sur un rocher plat. Le vent s’est levé, ce qui ne simplifie pas la tâche du montage de l’abri, et implique la construction d’un petit mur de neige. La neige est assez compacte et cela se fait sans trop de difficulté. On allume le réchaud à l’opposé du vent, sous l’abside, en prenant garde à ne pas faire prendre feu la tente. Il est 19h, nous avons fait nos 25kms et 600m de dénivelé journalier en 6h, comme presque chaque jour. Mais aujourd’hui, nous ne les avons même pas vu passer. C’est devenu une routine, un reflex, un plaisir. On avale nos derniers lyophilisés accompagnés d’une bonne compote de pomme, il est 21h lorsque nous cornons la page du livre et que nous glissons au fond du duvet. La lumière naturelle nous aurait permis de lire encore presque une heure, mais les yeux semblent ne plus vouloir rester ouvert.

Le dernier jour sur les skis se termine à Turtagro, où il y a juste 2-3 maisons et un gros hôtel qui fonctionne surtout l’été. Comme il n’y a pas de bus en cette saison, le cuisinier (Charly, de son prénom) nous propose de nous descendre jusqu’au bord de la mer (…), à Fortun (qui se trouve au bout du plus long fjord du monde !) où nous attrapons sans difficultés un bus pour Sogndal puis Flam. Pour clôturer notre périple, nous faisons quelques petites ballades à pied dans les environs et nous faisons une excursion à bord d’un bateau touristique qui serpente dans le Naeroyfjord bordé d’impressionnantes cascades et falaises, le tout avec des mouettes et des glaciers en toile de fond. Un décor surprenant pour nous, simples citoyens des alpes.

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Nous gardons un excellent souvenir de cette expérience en ski nordique, sûrement en partie grâce à la bonne météo que nous avons eu (soleil quasiment tout les jours, pas de tempête de vent et froid très raisonnable). Juste un conseil pour ceux qui voudrait s'y essayer : il faut vraiment partir avec l’état d’esprit adapté à la pratique du ski nordique, à savoir ne pas y aller pour faire des belles descentes, mais plutôt pour prendre le temps de parcourir de grandes étendues et gouter au plaisir des bivouacs sous la tente.

Notre parcours :
fleche_droite.gif J1 : Lyon - Oslo - Finse Hytta
fleche_droite.gif J2 : Finse - Geiterygghytta, D+370m, D-0m, Dist 16 kms, 5h
fleche_droite.gif J3 : Geiterygghytta - tente à coté de Iungsdalshytta, D+560m, D-680m, Dist 27 kms, 8h.
fleche_droite.gif J4 : Iungsdalshytta - tente 6 kms après Bordalsbu, D+650m, D-410m, Dist 22 kms, 7h30.
fleche_droite.gif J5 : Bordalsbu - tente un peu après Sulebu, D+835m, D-885m, Dist 27 kms, 8h15.
fleche_droite.gif J6 : Sulebu - Ref non gardé Slettingsbu, D+570m, D-570m, Dist 26 kms, 5h15.
fleche_droite.gif J7 : Slettingsbu - tente 1h après Fondsbu, D+575m, D-587m, Dist 24 kms, 7h45.
fleche_droite.gif J8 : Fondsbu - tente 6kms après Olavsbu, D+500m, D-500m, Dist 17 kms, 6h.
fleche_droite.gif J9 : Olavsbu - tente bien après Skogadalsboen, D+720m, D-570m, Dist ? kms, 5h30.
fleche_droite.gif J10 : Skogadalsboen - Turtagro - Fortun - Sogndal - Flam

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Textes & Photos : Manudad

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