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Départ du Col de Finiels.

Durée : 2 à 4 jours

Distance : 18,0 km

Difficulté : Facile

Altitude de départ : 1541m

Altitude d'arrivée : 1541m

Dénivelée : +313m -313m

Altitude de chaussage: 1541m

Point le plus haut : 1681m

Pulka : accessible

Un épisode neigeux se profile, je lance quelques invitations. L'ami Thomas se manifeste, il est disponible à partir de vendredi après-midi. Génial ! Quelques récits d'itinérances sur les hauts plateaux ou alpages noyés de froid et de neige, égrainés en terrasses de café, ont suffit à stimuler son imaginaire et déclencher l'envie d'aller ensemble mettre le nez au frais et poser nos fesses dans la neige. Ce sera pour lui une découverte du bivouac hivernal et une initiation au ski de randonnée nordique.

Le bref épisode de Sud de la fin janvier a déposé un beau manteau de neige sur les sommets orientaux du Massif Central. Les vidéos transmises par les webcams des stations du Mézenc  en Ardèche et du Bleymard sur le Mont Lozère sont prometteuses. Nous parions sur le Mont Lozère et ses crêtes, plus proches. 

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Jour 1. Col de Finiels - Col de la Croix de Fer.

Direction le col de Finiels. Passé le Pont de Montvert, nous découvrons la forêt de Finiels enneigée à la lueur des phares. Au col, le parking est désert, la nuit est installée. Naïfs, nous quittons le cocon surchauffé de la voiture en t-shirt, première morsure du froid, première sensation. Une couche épaisse de poudreuse froide et légère nous invite à tenter quelques pas sur la piste forestière. L'excitation monte, nous aurons le temps de manger plus tard au bivouac. Le temps de se couvrir, de s'équiper, d'organiser la pulka, nous lançons nos premiers pas glissés à travers la nuit. A peine 100m, le premier virage, nous perdons de vue le parking. Nous y sommes, l'immersion est immédiate. Nous laissons la piste forestière au profit d'un alpage ouvert parsemé de pins figés sous leur gangue de neige. Bientôt, nous éteignons les frontales inutiles. Les ombres des arbres se détachent et balisent notre progression. La neige crisse sous nos skis, Thomas prend le large et s'ouvre à la vibration de l'hiver. A l'approche du Col de la Croix de Fer, nous décidons d'installer le bivouac. La lune émerge d'un ciel voilé avec le sourire du chat. Quel accueil !

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Il se fait tard, mais il faut manger, blanquette de veau au menu. Le sommeil nous gagne, enivré de cette première expérience, Thomas ne demande pas son reste. Nous ferons fondre la neige demain matin pour recharger les Thermos d'eau chaude... Erreur !

Jour 2. Col de la Croix de Fer - Pic Cassini.

Au réveil, le réchaud ne fonctionne plus. Une fuite est apparue au niveau de la molette d'ouverture. Le join torique est sans doute endommagé. Et comme par hasard, mon kit d'entretien n'est pas à sa place avec le reste du matos de bricolage. Sans outil, rien à faire, quel charlot, quel con ! Un point s'impose. Il nous reste 2,5 litres d'eau tiède, mais nous allons croiser des ruisseaux. Sans réchaud, nous mangerons froid. Sauf si nous filons vers le chalet de l'Aigle au pied du Pic Cassini où nous pourrions faire un feu. Je décide de faire un bref aller-retour au col de Finiels pour voir si je  peux refaire un peu d'eau chaude. Bingo, le foyer de ski de fond est ouvert.

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A mon retour, Thomas a commencé à préparer la pulka. Le météo est clémente, douce, sans vent, sous un ciel bas alternant entre lumières blanches et grises. Nous cheminons sur l'alpage le long d'une lisière de bois. Une zone de sources, nous repérons un pont de neige généreux pour franchir le ruisseau. Une clôture, nous cherchons le passage confortable pour la pulka. Et Thomas teste les conversions par dessus les barbelés. La visibilité se réduit, la lumière blanche ne laisse paraître aucune ombre. La magie de l'errance vagabonde opère, le temps retient son souffle, nous sommes suspendus au bord du monde. Même s'il nous extrait de nos rêveries, le GPS est bien utile pour nous aider à garder le cap par cette visibilité. Nous voilà maintenant aux sources du Tarn. Dire que toute cette neige alimentera bientôt l'océan Atlantique. La dernière fois que je suis passé ici en hiver date d'une dizaine d'années lors d'une de mes premières sorties en ski-pulka avec Pascal, Pip et Philippe (voir la vidéo).

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Alors que Thomas expérimente le plaisir des talons libres en descente, la couverture nuageuse se lève et dévoile le Pic Cassini à portée de spatules. Quelques instants encore et la chaîne des Aples se glisse entre l'horizon et un ciel toujours bas. L'idée d'un lever de soleil face aux Alpes nous invite à abandonner le projet de rejoindre la cabane de l'Aigle au profit d'établir le campement près du Cassini. Il est 16h, nous devrions être capable de rejoindre le Pic vers 17h, nous laissant un temps confortable pour installer le bivouac. Arrivés sur les hauteurs du plateau, le soleil à l'horizon allonge les ombres, contraste les lavis gris bleux des nuages chargés d'humidité. Installer le second bivouac dans ce décors après une telle journée est un bonheur absolu. Quel jardinier a pu imaginer ce paysage ? Bien installés, après un bon casse-croûte, la chaleur de nos duvets ne tarde pas à nous emporter. Une paires d'heures passent et nos vessies sonnent le rappel des troupes. Difficile de trouver la motivation de s'arracher du confort de la plume des duvets pour s'exposer au froid nocturne. Le spectacle stellaire nous fait vite oublier ce petit désagrément. Et nous voilà, deux heures durant,  repartis à bavarder et refaire le monde.

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Jour 3. Pic Cassini - Col de Finiels.

6h45, la chouette hulotte de mon téléphone me réveille.  J'ouvre la tente dans l'espoir de redécouvrir le ciel étoilé de la nuit, promesse d'un levé de soleil sur fond de chaîne Alpine. Malheureusement la couverture nuageuse est revenue par l'Est. Qu'à cela ne tienne, nous chaussons les skis pour une promenade matinale au sommet du Cassini, errons dans les bois alentour sur les traces de Lapinou et regagnons le camp sous une lumière bleue pour un petit déjeuner accompagné de thé froid.

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Second bivouac et déjà les automatismes pour lever le camp, organiser le matériel dans la pulka se mettent en place. Mais c'est le dernier jour du périple et déjà les pensées se projettent dans l'après. Qu'attendre d'une étape de retour après le festival des jours précédents ? De la nostalgie grandissante à l'approche du parking peut-être, une envie pressante de ralentir l'allure certainement, et aussi l'émergence du récit d'une belle épopée partagée qui nous accompagnera plusieurs jours le temps d'un atterrissage en douceur. Les lumières variées sont toujours au rendez-vous, la vue porte et nous relève des paysages lunaires appréhendés à tâtons la veille. A l'approche du parking, nous rencontrons des promeneurs, souvent en raquettes, parfois à skis, émerveillés par les crêtes du Mont Lozère, intrigués par notre équipement et curieux de savoir si nous avons dormi dehors. De ces bavardages, émerge le sentiment d'une expérience pleine, chargée de doutes, d'émerveillements, de fatigue et d'émotions... et un peu de fierté aussi. Ce fut juste deux jours et deux nuits, ce fut une fenêtre de temps suspendu, comme un flocon qui tarde à se déposer. 

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Météo

Météo calme avec peu de vent, températures douces aux alentours de -5 la nuit et 0 le jour. Temps brumeux le samedi avec visibilité réduite, clair le dimanche avec une légère hausse des températures.

Condition de neige

Bon enneigement récent qui recouvre généreusement les végétations d'alpages et porte bien, entre 30 et 40cm. La neige est froide et légère à notre arrivée, se réchauffe au fil du week-end, nous obligeant à remettre de spray anti-botte.
 

Activité avalancheuse observée

RAS sur le Mont Lozère (à part peut-être sur les pentes du Rocher de l'Aigle)

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