Mini-raid nordique sur Hauts-plateaux du Vercors France > Vercors / Montagne de Beure – Les Crêtes - Refuge de Pré Peyret

Ångström

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Ce mini-raid est une boucle au départ du parking de Beure, en haut de la station du col de Rousset.

Durée : 2 à 4 jours

Distance : 35,0 km

Difficulté : Moyenne

Altitude de départ : 1400m

Altitude d'arrivée : 1400m

Dénivelée : +1000m -1000m

Altitude de chaussage: 1400m

Point le plus haut : 1930m

Pulka : accessible

4 jours pour découvrir le raid nordique en autonomie avec bivouac et pulka sur le secteur des hauts-plateaux Sud du Vercors et Grand Veymont au départ du parking de Beure

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Un gros mois que nous préparons ce mini-raid et ça y est, les mousquetons sont enfilés dans les boucles, je passe les mains dans les dragonnes de mes longs bâtons et je me mets en mouvement. La neige est très humide, lourde même, mais contrairement à l'année dernière, il y en a! Nous pouvons démarrer du parking de Beure skis aux pieds.

La piste verte qui longe le téléski est damée, moins raide que la piste forestière que j'avais empruntée l'année dernière avec ma pulka DIY montée sur roues. C'est elle qui nous permettra de remonter la station, d'abord jusqu'au téléski des écondus, puis par un tronçon de piste bleue jusqu'à la limite des arbres où nous rejoignons l'itinéraire hors piste. Je ne peux m'empêcher de me remémorer mon expédition épique d'il y a un an avec pulka tirée jusque-là avec une féroce énergie seule capable d'emporter ma luge et sa cargaison par-dessus les cailloux jusqu'à la cabane où je renonçais à poursuivre dans un brouillard à couper au couteau avec ce chargement, pour établir juste sous la lisière mon premier bivouac hivernal.

Non, cette fois-ci il y a de la neige, il y a du soleil et pas de vent. Il faut bien sûr lâcher les watts pour hisser ma pulka chargée de 30kg environ. Mais notre mini-raid commence dans de bonnes conditions. Bien sûr, la dernière vraie chute de neige remonte à quelques semaines. Mais nous ne faisons pas la fine bouche. Même le pas des écondus, n'offre qu'une résistance de façade. Il requiert une bonne maîtrise sur les skis, et j'ai conservé les peaux pour contenir la prise de vitesse. Derrière, la pulka s'emballe et compte tenu 1) du dévers, 2) de la hauteur de chargement, elle finit par partir en tonneaux. Ma coéquipière apprend, pour la première fois, à la faire rouler dans l'autre sens pour la remettre en situation de jouer son rôle. Imprudent, j'avais coincé un rouleau de "duct tape" sous le sac mais il a réussi à s'échapper et nous le regardons commencer une descente en roulant sur la neige dure. Ah, ne vous fiez pas à la vitesse avec laquelle il descend! Point ne sert de courir ! Il continue malgré une pente moins raide, jusqu'à ce que nous le perdions quasiment de vue. Ma coéquipière en sera quitte d'une descente d'au moins 50 m (et de la remontée) pour réussir à récupérer le fugitif. Voilà la première leçon apprise: dans la pulka, tout doit être arrimé.

Comme d'habitude le vent est froid au pas des écondus. Ce qui nous pousse à nous hâter pour remonter vers la combe Mâle où rapidement, l'atmosphère devient plus accueillante au skieur et à son lourd harnachement. La montée est dans l'ensemble agréable, mais 2 bons raidillons nécessitent de bonnes suées. La récompense vient néanmoins rapidement : les hauts plateaux et le Veymont, majestueux, se découvrent.

Contrairement à l'année dernière où mon cheminement m'était dicté par les plaques de neige restantes, nous choisissons notre itinéraire et nos lignes de pentes pour descendre rapidement et sans encombre jusqu' à la cabane de Pré Peyret.

Sans surprise, il y a du monde. Nous aurions pu prendre les 2 dernières places mais nous préférons monter la tente sous l'apenti à bois. celui-ci nous coupe du vent qui descend de la combe: c'est ce qu'il faut. Nous passerons cependant la soirée à l'intérieur;  c'est agréable de préparer le repas et de manger au chaud, et aussi de faire connaissance et d'échanger avec les randonneurs (tous à pieds ou en raquettes). Sans traîner, nous allons récupérer de l'eau à la source en contre-bas pour la journée de demain puis remballons nos affaires et allons nous coucher. Il ne fait pas froid

2ème jour : Pré-Peyret - les Chaumailloux (pas de l'Aiguille) par le col du Pison

Nous avons pris notre temps ce matin. Il est 10h00 environ lorsque nous quittons la cabane de Pré-Peyret. Cette heure tardive n'est pas un problème : nous comptons rejoindre les Chaumailloux par le col de Pison - donc pas l'itinéraire le plus direct - ce qui représente un très modeste 6,5km. Mais notre objectif n'est pas de "bouffer du kilomètre", il est de tester, apprendre et découvrir cette partie Sud des hauts-plateaux.

La première partie jusqu'au col n'est jamais très éloignée de la muraille du Glandasse. Les points de vue sur le Diois et jusqu'aux Monts d'Ardèche sont fréquents, impressionnants. A la pause nous pouvons même regarder en arrière, vers le Nord et bénéficier d'un très beau point de vue sur le Veymont, les hauts-plateaux Nord et la cabane de Pré-Peyret.

Nous avons même la chance d'observer 3 chamois profitant du soleil sur une plaque herbeuse., avec en arrière-plan l'aiguille tellement caractéristique.

Je suis surpris que dans l'ensemble ça passe bien avec la pulka malgré un relief très bosselé. Je dois quand même déchausser temporairement vers le Pison dans une descente difficile avec la pulka qui cherche à me doubler. Mais après le col, le paysage s'ouvre sur un espace découvert d'estives enneigées parsemées tout de même des pins à crochet : c'est le Sud! Quel bonheur de skier dans ce terrain, d'autant plus qu'assez vite, la vue vers l'Est révèle en arrière-plan des Ecrins de sommets enneigés !

Vers 15h30 (après une bonne pause pique-nique), nous arrivons au joli refuge des Chaumailloux.  On rentre pour voir mais on a décidé d'aller bivouaquer 200 m au-dessus. On fait quand même le plein d'eau à la source, en remplissant tout ce qu'on possède, y compris la vache à eau de 3 l emportée au dernier moment. Ca nous évitera de devoir redescendre le lendemain.

On remonte donc et trouvons sans aucun mal un spot de rêve pour planter notre tente, sous un soleil encore bien agréable.

Nous nous pressons pour avoir le temps de préparer à manger sous les derniers rayons de la journée. L'ambiance est extraordinaire. Nous redescendrons à pied à la nuit pour éviter de passer une trop longue soirée dans nos duvets. L'ambiance au refuge est très sympa. On échange parts de gâteau breton contre quelques centilitres de Chartreuse, on discute des plans, des conditions et de nos anecdotes avec les autres randonneurs avant de remonter nous coucher. Le ciel est moucheté d'étoiles dans la nuit noire (la lune n'est pas encore levée), même si, au Nord, une auréole de lueur trahit la présence de la ville de Grenoble.

Jour 3 : les Chaumailloux - contreforts du Grand Veymont (Bonneveau) par le pas des Chattons

La nuit claire a été froide. Avant le matin je sentais déjà les parois de la tente et le dessus du sac de couchage très humides. La fameuse condensation. Je suis content car je suis là pour expérimenter. La première nuit n'était pas assez froide pour rencontrer ce phénomène. L'eau stockée dans la vache à eau sous l'auvent est gelée. Je sors rapidement pour assister au lever des couleurs (du ciel). Fantastique !

Nous décidons de ranger et plier la tente sans attendre et de partir skis aux pieds sans petit-déjeuner car nous sommes à l'ombre et le froid nous gagne par les pieds. Cette stratégie, nous l'avons développée lors de nos voyages à vélo. Attendre le bon spot au soleil pour petit-déjeuner. On peut faire sans problème une heure d'effort avant de sentir la faim pointer.

L'endroit que nous choisissons nous offre une belle vue sur le Nord, vers lequel nous nous dirigeons. C'est vraiment très beau, mais comme me prévenait Xtofpol, ça doit être sacrément paumatoire par temps de neige, sans trace à suivre.

Ça se dégage avant d'arriver à la Jasse de Peyre Rouge. On évite la grosse bavante en laissant les traces des raquettistes qui rejoignent la plaine de Queyrie directement. Je préfère continuer N-O pour reprendre le petit canyon qui relie Pré-Peyret à la plaine. C'est toujours aussi beau et impressionnant quand on débouche sur la plaine. Catherine découvre, moi j'y reviens pour la seconde fois. Je dois changer mes lunettes pour un modèle "glaciers" tellement la luminosité est forte. La progression en faux-plat montant jusqu'au pin isolé n'est pas si rapide mais la suite, la remontée vers le pas des Bachassons est encore plus fastidieuse dans la chaleur et la neige très mouillée.

La pulka est lourde à tirer mais je m'obstine à ne pas faire de pause avant d'arriver au sommet. Nous déjeunerons tard au niveau de la cabane des Aiguillettes. Pour la rejoindre, il a fallu descendre un bon dévers. J'aurais dû dépeauter car la pulka a vraiment envie de me doubler. Je parviens à descendre avec un seul tonneau de la luge, ce qui montre que j'ai progressé et surtout, que le chargement du sac à dos avec des éléments plus lourds, remplacés dans la pulka par mon duvet, volumineux mais léger, porte ses fruits.

La vue de là-haut est somptueuse.

Au Nord, le Grand Veymont et l'aiguillette du Petit Veymont, à l'Est, le Taillefer, les Ecrins et l'Oisans.

Après notre pique-nique tardif, vient l'heure de vérité: la descente du pas des Chattons. Je m'en inquiète depuis quelques temps. Je décide de mettre en oeuvre l'idée que j'ai depuis depuis que je prépare ma pulka: actionner les freins de la luge en retenant les manettes en position de freinage maximum par une cordelette. J'ai percé 1 trou dans chaque manette dans ce but. La cordelette est prête. Catherine opère. Le résultat est bluffant. Je parviens, même avec les peaux, à descendre dans la neige lourde en gardant une parfaite maîtrise de ma trajectoire. Je dois évidemment déchausser à un endroit où le passage nous force à déchausser pour passer la marche de rochers. Je peux continuer après. Je ne regrette qu'une chose :  ne pas avoir mis en oeuvre ce dispositif avant, comme par exemple dans la descente du pas des Econdus.

Nous avons décidé de rejoindre la fontaine des Serrons et de décider de la suite, c'est à dire de l'endroit où nous bivouaquerons. Nous nous égarons un peu en suivant des traces de raquettes qui ne sont pas sur l'itinéraire et qui nous emmènent dans un secteur en dévers avec des arbres qui nous freinent dans la progression avec la pulka. Je fais un point et décide qu'il faut redescendre, ce que nous parvenons à faire sans vraie difficultés skis à la main pour ne pas nous laisser embarquer dans la pente et terminer avec un ski cassé. Une fois revenu sur l'itinéraire, tout va mieux. Nous bivouaquerons à l'écart dans un espace un peu découvert. Je mets en œuvre les techniques apprises par la lecture: faire un plateau horizontal, creuser la fosse à froid (qui donne de la place pour l'accès à notre petite tente), etc.

Pendant ce temps là, ma moitié s'affaire à préparer un repas aux chandelles!

Elle a pensé à emporter des petits lumignons (chauffe-plats). Excellente soirée. Le temps est au redoux donc pas de crainte à avoir.

4ème et dernier jour: retour à l station du Col de Rousset

La météo avait prévu un temps couvert et elle ne s'est pas trompée. Les sommets sont dans le brouillard mais nous, pas encore. C'est notre dernier jour. Après les rangements et le petit dej, nous repartons. Au moment de rejoindre le GR de la traversée du Vercors nous décidons de rentrer directement à la voiture. La descente sur le Grande cabane est sympa. Le déjeuner quelques kilomètres après l'est aussi, puis rapidement nous rentrons dans le brouillard, ce qui donne une occasion parfaite à Catherine de pratiquer l'orientation. C'était l'un de ses objectifs. Elle perçoit la différence entre la théorie et la pratique. La difficulté à tenir un cap dans un terrain accidenté où le skieur doit se soumettre au terrain. Estimer la dérive est difficile. L'aide d'un GPS, même d'ancienne génération qui ne donne qu'une position est sécurisante.

Nous arrivons finalement facilement au pas des Econdus, qui nous met une dernière bavante dans les pattes. Je le remonte sans repeauter, prouvant donc qu'avec une neige ni profonde ni verglacée, il est possible de tirer une pulka sans peaux. Ne restera alors qu'à redescendre vers les pistes, dans un brouillard à couper au couteau (merci les cairns) et surtout, merci les freins de la luge qui me permettent de redescendre le tronçon raide jusqu'à la piste avec une bonne maitrise de la trajectoire, sans tonneaux de la pulka. Une fois rendus sur la piste, c'est de la balle pour rejoindre le parking et terminer notre aventure sans la moindre anicroche.

Conclusion

4 jours qui nous ont enchantés. D'abord par la beauté du cadre, mis en valeur par un temps superbe. Ensuite parce qu'on a pu mettre en pratique et tester tout ce qu'on voulait en prévision de notre projet Laponie Finlandaise de l'an prochain. Que ceux qui hésitent encore à y aller se lancent. Ils ne seront pas déçus.

 

Météo

3 premiers jours de grand beau temps (sans vent). Le 4ème, couvert et brouillard.

Températures positives la journée, à peine négatives (ou positives) 2 nuits sur 3.

Condition de neige

Neige de printemps transformée, un peu gelée le matin.

Activité avalancheuse observée

RAS

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