Grande Traversée du Vercors à ski - GTV France > Vercors / Grande Traversée du Vercors : Corrençon – Col du Rousset

Régis Cahn

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  • author: Régis Cahn

Durée : 2 à 4 jours

Difficulté : Moyenne

Pulka : non accessible

A travers la Laponie française

La “traversée du Vercors” est un raid presque incontournable sur une liste de course qui se respecte. Sous ce titre, on réduit le massif à la seule zone des Hauts Plateaux. Le Vercors est beaucoup plus vaste et beaucoup plus riche que cela.

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Les Français y ont découvert le ski de fond lors des épreuves des Jeux Olympiques de Grenoble. C’est donc naturellement skis nordiques au pieds, et hors piste, que nous vous proposons quelques clés pour découvrir en hiver ce massif que l’on qualifient de “Laponie Française”.

Ce matin, en ouvrant les volets de la cabane d’Ambel, nous avons vu une biche et son jeune de l’année traverser la clairière à la lisière de la forêt. Doucement, avec une incroyable économie de gestes que leur imposait la neige profonde, ils ont gagné l’abri du sous bois. Après ce très beau réveil, comme la forêt de Lente sait si bien en offrir aux amoureux de nature, nous refermons précautionneusement la porte du refuge derrière nous. La cheminée fume encore et le soleil est toujours caché derrière l’horizon lorsque nous entrons dans le bleu de ce matin d’hiver. Petit à petit, nous quittons la forêt, et après le pas du Gouillat, nous pénétrons réellement sur l’alpage d’Ambel. Les arbres ont définitivement disparu, c’est le “grand blanc”. Un phare orange éclaire brutalement la Tête de la Dame, quand le soleil jaillit à l’horizon. Plus tard dans la journée, nous franchissons le pas de l’Infernet vers la petite station de Font d’Urle. Au delà du Balcon Est du Vercors, les Alpes s’étalent du Mont Blanc au Pelvoux. Derrière nous, les Baronnies et le Mont Ventoux, la vallée du Rhône de Bollène à Lyon et les principaux sommets du Massif Central pour fermer le paysage. De ce modeste col (1650 mètres), on a un cinquième de la France sous les yeux.

GTV Vercors - Photo Eric Charron

Le pays du vent et des congères
A Font d’Urle, il y a toujours du vent ! De gros nuages gris nous arrivent dessus à la vitesse des TGV. Pendant quelques instants, c’est le “white out”. Puis le soleil revient brutalement. La lumière est grise métallisée. Nous avançons la tête de côté pour nous protéger des rafales. Les dolines où nous glissons forment de véritables skate-parks. L’élan de la descente permet de remonter facilement l’autre versant. Le vent a tellement tassé la neige que l’on peut patiner sans peine. Une heure plus tard, nous sommes à l’abri dans la forêt, au grand soulagement de nos oreilles gauches qui ont été soumises tout ce temps au vent du Nord.
Après quelques kilomètres sur la piste damée de la GTV, nous retournons hors piste sous le But de Saint Genix. Une étroite bande de prairie se faufile entre le haut des falaises et la forêt. L’arrivée au col de Chironne se fait sur une large crête arrondie. La prairie à droite et la forêt à gauche plongent plusieurs dizaines de mètres plus bas. Devant moi, j’ai l’impression de voir Cédric skier dans le ciel. La montée au col naturel du Rousset est le seul endroit du trajet qui peut-être exposé aux avalanches. En cas de doute, on n’hésitera pas à rejoindre la station à pied par le tunnel routier. A deux cent mètres du but, ce serait idiot de se faire prendre.

Un grand désert glacé
“Jamais je n’aurais imaginer skier dans la plaine de la Queyrie” se réjouit Marielle. Pourtant, elle vire en telemark et son compagnon est moniteur de ski alpin. Mais pour elle, les Hauts Plateaux du Vercors ne se parcouraient qu’en raquettes. En 1939, Charles Vanel en policier monté canadien y poursuivait la belle Michelle Morgan sur son attelage de chiens de traîneaux dans le film “La loi du Nord”. Caprice de la météorologie, le film devait être tourné en Finlande. Mais cet hiver là, pas de neige en Finlande ! C’est donc le Vercors qui sera le décor de l’épopée. Le massif tire-t-il de ce tournage son surnom de Laponie Française ? En 1960, l’ingénieur Anglais Gérald Taylor, compagnon de Paul Emile Victor, en réalise la traversée hivernale avec un attelage de chiens nordiques. C’est le coup de foudre ! Avec quelques amis, il crée” l’Association pour la Protection des Hauts Plateaux du Vercors”. Quinze ans plus tard, le massif devenait un des premiers Parc Naturel Régional. Il fallut encore dix ans pour que les Hauts Plateaux deviennent la plus grande réserve naturelle de France. Ironie de la réglementation, la réserve est née de la persévérance d’un Musher et aujourd’hui, les chiens de traîneaux y sont interdits.

En ski de fond, évidemment
Entre temps, les randonneurs à ski investissent petit à petit les Hauts Plateaux. Il leur faut deux longues journées pour les traverser. En 1964, Claude Terraz, Bernard Salomon et quelques un de leurs amis fondeurs relieront pour la première fois, en ski de fond évidemment, Corrençon au col de Rousset dans la journée. La revue du CAF de l’époque les traita d’inconscients avec leurs skis “en bois d’allumettes”. Ce sont les même qui imagineront en 1968 une course reliant le col de Rousset à Corrençon. “La traversée du Vercors” était née. Pendant presque quarante ans, le ski de fond fut le moyen exclusif de déplacement en hiver sur les Hauts Plateaux. A l’aube du nouveau siècle, et comme presque partout en France, il a été submergé par le raz de marée de la raquette à neige. C’est comme si les gens avaient tout simplement oublié que l’on pouvait se déplacer en glissant sur les terrains à profil nordique. Mais Bruno Cuerva, garde sur la réserve des hauts Plateaux et moniteur de ski conserve espoir. “ Si l’année dernière, la proportion de randonneurs en raquette était écrasante, cette année, le nombre de gens en ski de fond a considérablement augmenté”. Adeptes de la raquette tentés par la glisse ? Skieurs de randonnée séduits par la distance que l’on parcourt à ski de fond ? Difficile de dire d’où viennent ces nouveaux adeptes.

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Une réserve “wilderness”
On bascule vraiment sur les Hauts Plateaux Sud en franchissant le col du Pison. L’échine de la montagne de Glandasse s’enfuit au sud, entaillée par les falaises du cirque d’Archiane. Devant nous, s’étale une vaste cuvette. Pas de sommets réellement marqués, mais une succession de vallons et de petites crêtes. “Avant tout une réserve d’espace” rappellent les panneaux d’information. En face de nous, le Jardin du Roi est le seul endroit boisé. Son nom lui viendrait des amours du jeune Louis XI, qui fut le seul des rois de France élevé dans le Dauphiné, et d’une bergère. Au Nord du vallon de Jasneuf, le Mont Aiguille nous montre le cap. Mais petit à petit, le relief devient plus complexe. Les dolines, ces dépressions caractéristiques des pays calcaires, se succèdent. Nous avons l’impression d’être à l’intérieur d’une gigantesque boîte à oeufs. Des traces sillonnent ce labyrinthe en tous sens. Lorsque le ski de fond constituait le seul mode de déplacement, celui qui traçait faisait oeuvre collective. La trace rendant la progression plus facile, chacun s’efforçait de la suivre et de l’entretenir. Tout au plus quelques artistes s’en allaient-ils apporter leur signature dans les plus fortes pentes. Aujourd'hui que la pratique de la raquette à neige domine, les itinéraires se multiplient. Suivre une trace ne constitue pas une garantie d’arriver à destination. Force est de constater que certains coins ressemblent plus à un bac à sable dans une cour d’école maternelle qu’à une étendue vierge traversée par une trace. Mais pour le moment, il s’agit de sortir de ce piège. En montant sur un point haut, nous repérons le refuge. Si nous avions été dans le brouillard, le problème aurait été tout autre. Plus d’un s’y sont laissés piéger et ont du bivouaquer. A moins vingt degrés, ça calme ! Quelques minutes après, nous glissons dans la prairie des Chaumailloux, dominés par l’imposante masse du Mont Aiguille. Seules six cabanes isolées comme celle des Chaumailloux, servent d’abri pour la nuit sur l’ensemble des hauts plateaux. C’est Corinne, la copine skieuse de randonnée qui conclu cette journée : “ Ce qui est génial, c’est que l’on ne fait pas que monter sur une montagne et en redescendre, chaque fois qu’on franchit une bosse, on découvre un nouveau paysage ! “


fleche_droite.gif Nous tenons à remercier l'auteur du texte et des photos :
Éric Charron - Accompagnateur Moyenne Montagne
26420 La Chapelle en Vercors
Tél : 04 75 48 25 18
Fax :
E-mail : anouk.charron@free.fr

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