Enontekiö, périple en Laponie finlandaise Finlande
Avant de débuter la lecture du récit finlandais de Polpulka, sachez que ce dernier rentre tout juste de Suède ! Polpulka est un inconditionnel des terres nordiques. Il arpente chaque hiver, seul et accompagné d’amis, les neiges froides de Scandinavie et de Finlande.
En attendant que Polpulka nous conte son dernier périple au Sarek, il dévoile quelques ambiances tracées là-haut.
Laponie finlandaise : périples dans la région d’Enontekiö – Hetta
Son périple en Laponie finlandaise a été scindé en deux boucles autour d'Hetta, situé dans la région d’ Enontekiö, à environ 200 km au nord du cercle polaire arctique.
Il a réalisé une première boucle de 4 jours au sud d’Hetta puis une autre de 8 jours au nord de ce même village. Il a parcouru les montagnes d’Hetta seul, tandis que la seconde incursion en pays Saami a été effectuée en compagnie de son ami guide (+ 3 personnes et une chienne) dans le but de réaliser un raid de reconnaissance non loin de la frontière norvégienne.
Itinéraire 1 : dans le parc national de Pallas-Yllästunturi
Je suis donc parti d’abord vers le sud d’Hetta en longeant le flanc ouest du massif de Ounastunturi. Avec son prolongement au Sud par Pallastunturi il fait partie du Parc National très connu en Finlande, le Pallas-Yllästunturi National Park. Ses collines arrondies entourées de forêts de pins et de sapins sont un paradis pour les skieurs de fond avec 4 stations et des centaines de kilomètres de pistes damées. Mais en dehors des traces, il y a suffisamment de place pour les randonneurs avec pulka : une dizaine de refuges (payants et gratuits) les attendent (pendant ces 4 jours j’ai rencontré 3 personnes). Pour traverser l’ensemble du parc il faut compter une semaine, mais on peut « broder » des variantes selon son goût car la neige battue par les vents est dure et on peut passer partout. Mais il faut d’abord arriver là haut…
Ce sont là les aléas d’un raid en solitaire et hors pistes. Les deux premiers jours, la progression a été bonne car réalisée en partie sur d’anciennes traces de motoneige. Même dans la poudreuse, en traversant des forêts clairsemées, cela allait encore. Mais il en a été autrement à partir du col Ruoto (au sud d’Outtakka) lorsque j’ai été obligé de poursuivre vers l’est par une rivière. Très vite celle-ci est devenue un ruisseau qui, serpentant dans la forêt sur le flanc de la montagne, était encombré de barrages d’arbres tombés… J’ai rebroussé chemin et j’ai planté ma tente au col dont les pentes raides et la neige profonde m’ont vite fait oublier tout projet de montée directe.
Donc, par une longue étape de 27 km, je suis revenu vers le nord et sur une piste damée, sur les flancs du Pyhäkero, j’ai pu admirer un coucher du soleil digne d’une carte postale.
Il fallait encore traverser le fameux vallon Haaravaara, étroit, sous des corniches impressionnantes et menaçantes de 5-7 mètres, avant d’arriver, enfin, au confortable refuge de Sioskuru (réchaud à gaz dans la partie gratuite). Le lendemain, par très beau temps, la conquête du sommet d’Outtakka (723 m) a été un pur plaisir. Du sommet, on pouvait voir tout le Pallas et au Nord jusqu’à la frontière norvégienne. Mais j’ai surtout apprécié la liberté de passer partout sur la neige glacée.
Itinéraire 2 : boucle vers le nord jusqu’au lac Pöyrisjärvi
Le second périple a consisté à faire une boucle vers le Nord (lac Pöyrisjärvi). Huit jours de pays sauvage avec seulement quelques traces de rennes et d’élans ( !) et les anciennes pistes de motoneiges des éleveurs (rares). Ce n’est pas une réserve mais presque : les éleveurs n’aiment pas la présence des touristes. Il n’est pas étonnant que, dans les livres d’or des trois refuges visités (le long de la rivière Keähkkiljohka et Suukisjoki), les dernières inscriptions dataient du mois d’octobre dernier… Le terrain est très varié : grands lacs, rivières, marécages, forêts en passant des pins à la toundra rabougrie et enfin étendues envoûtantes des tunturis (vrai terrain nordique). La progression sur ces terrains a été facile surtout sur les marécages qui forment des espaces pittoresques où l’on passe d’un bassin à l’autre sans encombre. Seule difficulté : la traversée des rivières dont les berges peuvent être escarpées et où il faut franchir des bosquets de bouleaux serrés. Il faut parfois chercher le bon passage sur des kilomètres. La neige y est aussi plus profonde (on ne voyait que les oreilles de notre chienne Tchaya – mais à 3 tout est plus facile). Il faut aussi se méfier des rapides : les ponts de poudreuse ne portent pas.
Mon plus beau souvenir : la traversée des douces pentes des tunturis à la frontière norvégienne. Au bout d’un certain temps de progression monotone nous sommes entrés dans une sorte de transe où nous ne savions plus ce qui était la neige et ce qui était le ciel à l’horizon. Testez vous-même !
Les conditions météo étaient assez bonnes : une seule journée dans le brouillard épais et 2 jours, tout de même, à -28°, ce qui a transformé chaque petite branchette d’arbre et d’arbuste en œuvre d’art raffinée. Pas de tempête de neige ou de vent violent – la chance… A recommencer sans modération !
Informations pratiques :
250 km en 12 jours (de 8 à 40 km (en descendant et sur piste !) / Jour mais en moyenne 20-23 km/j)
Avion Paris-Kittila 350 € (pas de surcharge : j’ai bourré le sac de cabine et le surplus de 5 kg dans la soute m’a seulement coûté un grand sourire…)
Taxi et bus Kittila – Enontekiö - Hetta A/R 80 €
Nourriture : j’ai apporté de France des plats lyophilisés et des céréales (dans des sachets journaliers – très pratique) mais, sur place, à Hetta, il y a une superette bien équipée (sauf en lyophilisés). Il y a aussi la possibilité de location de skis / bâtons / chaussures et de… pulka !
Sites utiles :
village d’Enontekio (Hetta) : www.enontekio.fi
site de randonnée en Finlande : www.luontoon.fi