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Actualités > Ski de Randonnée Nordique FranceLa randonnée nordique, un retour aux origines du ski
Toutes les personnes ayant grandi au milieu de la neige voient un jour ou l’autre, des skis alpins et/ou des skis de fond venir se greffer à ses petits pieds d’enfant. Pourtant, il existe des alternatives à ces deux disciplines. Des alternatives moins axées sur la performance et plus sur le plaisir de la contemplation, de l’effort physique d’endurance existent : le ski de randonnée et le ski de randonnée nordique.
Le ski tel qu’il est pratiqué par le plus grand nombre peut procurer des sensations désagréables telles que par exemple l’immobilisme engendré par l’usage des remontées mécaniques ou des pistes damées de ski de fond, ou la désagréable impression d’être un mouton à la montée comme à la descente due la sur-fréquentation des lieux. Le ski de randonnée apporte cette liberté et ce retour à la nature qui peut faire parfois défaut dans les pratiques plus standard.
La pratique de ce sport repositionne l’homme dans son milieu. Lorsqu’un skieur fait preuve d’impatience et/ou d’incivilité sur une piste, cela peut générer des conflits avec ses congénères. Lorsque ce même skieur évolue en pleine nature, son impatience et son inconscience peut diminuer fortement ses chances de survie…
" On savoure pleinement et on revit avec conscience dans le présent "
On parle de slow food pour le fait de manger en prenant le temps, de slow work dans le domaine professionnel… Et si on parlait de slow sport ? Le ski de randonnée nordique le serait par essence puisque cette pratique repositionne l’homme dans son milieu et lui fourni un retour aux sources loin du schéma imposé par la pratique dans une station. Au lieu de filer droit, on réapprend à étudier le terrain et notre interaction avec lui. On savoure pleinement et on revit avec conscience dans le présent. Ainsi la notion de cheminement reprend tout son sens et son intérêt.
Laurent Pouchoy, le Cri du Renne
De formation nordique puis devenu guide de haute montagne, Lionel Condemine est un des spécialistes français du ski de randonnée nordique. Installé dans les Hautes-Alpes, il a été durant une vingtaine d’année, guide de randonnée nordique et de télémark.
Comment définissez-vous le ski de randonnée nordique ? Quelle est son histoire ?
Le ski de randonnée nordique est l’origine du ski. Il était pratiqué régulièrement par les Scandinaves pour se déplacer lorsqu’il y avait de la neige. Ils pouvaient le pratiquer jusqu’à des pentes d’une vingtaine de degrés. Aujourd’hui on le définit par rapport au ski de fond, on dit que c’est le ski de fond hors traces. Cela fait une trentaine d’années que les gens s’y remettent… Maintenant le matériel est plus costaud que celui du ski de fond.
Comment avez-vous découvert cette activité ?
J’ai travaillé huit ans à Chapelle-des-Bois dans le Jura. Un territoire nordique important. On pratiquait le ski de fond sur les pistes mais également hors-traces. C’est à cette époque que je l’ai découvert même si on ne l’appelait pas encore ski de randonnée nordique puisque le matériel était le même que celui du ski de fond.
Pensez-vous que les pratiquants du ski de randonnée nordique sont plus sensibles à l’environnement ?
On peut le penser en effet. Je dirais même qu’à mon avis, c’est une des motivations principales de l’exercice de l’activité. Les pratiquants sont des gens qui peuvent se passer un peu du confort des pistes et du matériel mais qui en contrepartie attendent une qualité de paysage, un milieu calme…etc.
Selon vous, pourquoi de plus en plus de personnes s’orientent vers le ski de randonnée nordique ?
C’est un sport que l’on a toujours pratiqué. il est resté marginal pour des raisons matérielles. Les fabricants ont longtemps ignoré cette activité qui était une niche entre le ski de randonnée et le ski de fond. Aujourd’hui, les gens cherchent un autre environnement que les stations, ils veulent passer un moment dans la nature pure. Pendant un moment, ils se sont mis aux raquettes mais maintenant ils veulent retrouver la sensation de glisse qu’ils avaient en ski de fond. Le ski de randonnée nordique, c’est un peu de la raquette glissée. Il y a un effet de mode et les fabricants mettent le paquet sur le matériel depuis maintenant une dizaine d’années.
Ce nombre croissant de pratiquants peut il poser problème d’un point de vue environnemental ?
Le quad ou la motoneige sont des problèmes pour la nature mais le ski de randonnée nordique n’est pas destructeur. Déjà parce que l’on ne peut pas aller n’importe où, contrairement à la raquette, au passage, d’autre part parce que les gens forment de petits groupes qui ne font pas trop de bruit. Et enfin, parce qu’ils sont attentifs à l’environnement, qu’ils ramènent leurs poubelles, …Donc, je ne pense pas que cette pratique a un fort impact environnemental.
Article et interview extrait du magazine, le Globule Vert n°2 consultable en ligne sur http://www.lecridurenne.fr
Auteur : Laurent Pouchoy - Photos : Lionel Condemine