Marc Breuil, l’homme des raids à skis
Actualités > Ski de Randonnée NordiqueMarc Breuil, est l’un des pères spirituels du raid à skis en France. Le randonneur à skis qui se respecte, qu’il soit nordique ou alpin, le connaît forcément. Grâce à lui, nous avons échafaudé nos rêves pour découvrir l’ailleurs. L’ailleurs, Marc Breuil nous invite à le découvrir depuis 1989 grâce à l’édition de ses ouvrages dont la référence « Ski nordique » paru dans la collection Gaston Rébuffat aux éditions Denoël.
Ce livre dédié aux grandes randonnées nordiques en France, en Scandinavie et dans le Grand Nord a propulsé un grand nombre de randonneurs à skis sur les immensités enneigées.
Marc Breuil a aussi écrit un livre sur la traversée des Pyrénées à skis et en solo. Il a à son actif plus de 1000 courses à skis, de l’Alaska au Karakoram en passant par les Alpes.
Nous avons eu l’immense chance de pouvoir interroger Marc Breuil sur sa vie de découvreur. Nous vous dévoilons les bribes d’un entretien passionnant.
Interview de Marc Breuil
SRN : Marc, peux-tu te présenter et nous dire comment tu t’es initié à la montagne ?
Marc Breuil : Marseillais de naissance, je découvre la montagne et le ski pendant la guerre. Mes parents m’avaient installé en Haute Savoie et je débute sur des skis vers 5 ou 6 ans, en regardant descendre un certain Jean Vuarnet. Les hasards de la vie m’éloignent ensuite des montagnes durant une longue période mais je n’oublie pas ces années d’enfance. Une grave erreur de casting m’entraîne à faire des études supérieures de physique à Paris puis à obtenir un poste d’enseignant à l’Université de Paris Sud. Je le conserve jusqu’à ma retraite (il faut bien vivre !). Pour répondre à ta question, tu vois que le lien métier - montagne est inexistant.
Vers 21 ou 22 ans, bien que résidant en région parisienne, je reviens vers la montagne et vers le ski. Pour le ski, ce sera d’abord de la piste pour réapprendre à skier. Pour la montagne, je fréquente assidument les stages de l’UNCM (l’ancêtre de l’UCPA). A l’époque, ils organisaient de vrais stages d’alpinisme dans la vallée de la Guisane et autour de La Bérarde avec des guides de l’Oisans, notamment André Bertrand (Le Haut Dauphiné à skis dans les 100 + Belles). C’est là que j’ai appris les bases de l’alpinisme. Vers 25 ans, je connaissais très bien l’Oisans et les Alpes Valaisannes. Mais Chamonix ne m’a jamais beaucoup attiré (même si évidemment, j’y ai fait pas mal de classiques par la suite). Comme tu le vois, les Pyrénées arriveront beaucoup plus tard.
Petit à petit, je parviens à dégager de plus en plus de temps pour aller en montagne et 2 évènements vont influencer ma carrière montagnarde. Tout d’abord, à 25 ans, je découvre un petit club de montagne parisien dans lequel je vais demeurer très longtemps, le Groupe Universitaire de Montagne et de Ski (GUMS). Avec eux, je ferai des centaines de courses à skis, pas mal d’alpinisme et une vingtaine d’expéditions. C’était un groupe restreint qui ne comptait que 2 ou 300 adhérents dont une cinquantaine étaient très actifs mais la formule me convenait très bien.
Le second évènement a lieu quelques années après. Je connaissais bien Jacques Rouillard, le mythique chef de course du CAF Ile de France qui vient d'ailleurs de nous quitter et dont je salue la mémoire. Durant l'été 1970, il organisait une rando alpinisme dans le sud du Groenland. J’y suis allé, pour voir. Et là, j’ai attrapé le virus nordique.
J’ai été complètement fasciné par les paysages car je n’avais jamais vu cela. Un jour, nous avons gravi un sommet facile de 2000m dominant un glacier qui se jetait dans un fjord et je suis resté immobile et silencieux pendant près d’une heure face à ce fabuleux paysage. Dès lors, c’était fait, je reviendrai.
A partir de là, au fil des ans, j’ai commencé à organiser des raids à skis dans le cadre du GUMS, tout en grimpant sur les falaises bourguignonnes (Cormot, Saffres, Fixin) et en faisant pas mal d’alpinisme. Mais je n’étais pas un bon grimpeur et, peu à peu, j’ai fait de plus en plus de ski de rando “classique”, discipline dans laquelle je réussissais bien mieux. Les grands voyages arrivent plus tard pour des raisons matérielles car j’avais une famille à entretenir.
En 1974, le GUMS organise une expédition d’alpinisme au Tirich Mir, sommet de plus de 7000m situé au Pakistan, sur la frontière afghane. J’y participe avec 8 ou 9 personnes dont Bernard Amy, Jacques Kelle, Pierre Chapoutot et nous faisons le sommet après un voyage en camionnette de Paris aux Indes, aller et retour ! Mais à cette occasion, après l’Arctique, je connais ma seconde émotion esthétique avec les paysages du Karakoram. J’y retournerai 8 fois jusqu’à ce que la bêtise des hommes m’empêche d’y retourner.
A partir du début des années 80, ce sera la découverte des immenses possibilités de la pulka et une alternance Arctique Karakoram avec les grands raids au Groenland, à Baffin, en Alaska, en Scandinavie et au Karakoram, notamment la Traversée de 1990.
Et la rando nordique dans tout cela ? Elle s’inscrit naturellement dans la logique des raids arctiques même si, dès 1970, je traversais la Margeride à skis.
Et les Pyrénées ? Je les découvre au hasard des raids à skis et des stages d’alpinisme effectués avec le GUMS dans les années 70/80. Puis, dans les années 90, un changement dans ma vie me conduit à m’installer à Pau avec ma compagne. J’y suis toujours.
SRN : les skieurs de randonnées nordiques te connaissent par le livre que tu as écris : Ski nordique. Peux-tu nous expliquer la genèse de ce projet ?
Marc Breuil : La réponse est simple. Je connaissais les frères Odier, Bernard et Hubert, qui avaient réalisé la Traversée des Alpes à skis en 1983. J’avais d’ailleurs fait un petit bout de la traversée avec eux. Hubert travaillait chez Glénat, à Grenoble, et, en 1984, ils ont publié un livre sur leur traversée qui s’appelait (et s’appelle toujours) « A ski de l’Autriche à la Méditerranée ». Hubert m’a alors demandé de faire un bouquin sur le ski, en insistant sur l’aspect nordique, sujet sur lequel il n’existait pas grand chose à l’époque. Le livre était programmé chez Glénat pour 1987.Suite à divers problèmes de fabrication, Glénat a jeté l’éponge et le livre s’est retrouvé à Paris chez Denoël avec un an de retard. Il est finalement sorti en 1989, cela fait donc 20 ans.
En fait, cela a amélioré ma connaissance du ski nordique en France car il y a des itinéraires que j’ai découverts en les parcourant plusieurs fois pour le livre !
SRN : qu’elle est la méthode pour « construire » un livre de 200 pages décrivant des itinéraires en France et à l'étranger incluant des informations détaillés ?
Marc Breuil : on fait un plan dont on discute avec l’éditeur, à la fois au niveau du contenu (de quoi va-t-on parler ?) et au niveau du volume (combien de pages pour l’ensemble, pour chaque chapitre ?). Il faut aussi s’occuper des photos, voir avec l’éditeur (couleur ou pas couleur, point crucial) et faire la quête auprès de ses relations pour se procurer les photos manquantes. Tout ceci prend du temps. Il faut compter plus de 2 ans à partir du moment où l’on pense avoir rassemblé tous les itinéraires. Mais le plus compliqué consiste à faire ou à faire faire les cartes, les croquis, et d’une manière générale la maquette.
SRN : pour publier ce livre, as- tu simplement compulsé par écrits l’ensemble des raids déjà réalisés ?
Marc Breuil : oui, d’une certaine façon. Cela revenait à mettre mes notes à jour et à les rédiger proprement avec un travail de vérification des informations pratiques. Il y a eu aussi des itinéraires que je suis allé parcourir une seconde ou une troisième fois spécialement pour le livre parce que je trouvais que mon texte n’était pas clair ou que je ne me souvenais plus très bien d’un passage donné. Tout cela prend beaucoup de temps. Mais il y a aussi des pages générales sur le Grand Nord et sur l’histoire du ski de rando qui n’ont rien à voir avec les itinéraires et qui sont plus simples à écrire.
Il ne faut pas oublier qu’au milieu des années 80, les ordinateurs personnels n’existaient pas. Tout le livre a été écrit à la main et j’ai remis à l’éditeur une version manuscrite qu’il a dû taper à la machine à écrire. C’est impensable aujourd’hui. Pour mon second livre sorti en 2004, tout a été fait sur ordinateur et j’ai donné à l’éditeur une simple disquette. Aujourd’hui, je remettrai un CD. Les temps changent.
SRN : ton livre est intitulé « Ski nordique ». Considères-tu qu’il y ait une réelle différence entre les pratiques de la randonnée nordique et alpine ?
Marc Breuil : oui, bien sûr. Le ski de rando (sous-entendu de rando alpine) se pratique avec un matériel alpin (skis, chaussures, fixations), sur un terrain accidenté, avec des montées et des descentes. Le sac est lourd (Pelle, sonde ARVA, piolet, crampons etc…). Les gens le pratiquent très souvent pour le plaisir de la descente qui est la motivation principale de la majorité des skieurs de rando (Pas tous). Le ski nordique (sous- entendu de rando nordique) se pratique sur un terrain plat ou vallonné, à des altitudes plus basses, souvent en forêt, avec des montées et des descentes pas trop raides. Le matériel est beaucoup plus léger et ne permet pas de grandes descentes.
En plus de ces aspects techniques, l’esprit des deux disciplines est différent. Je connais pas mal de skieurs de rando alpine qui ne veulent pas entendre parler de ski de rando nordique car il n’y a pas de descente. Surtout, le ski de rando nordique est davantage un ski de grands espaces et de liberté qui laisse plus de place à la contemplation. Il a besoin de place et, chez nous, il peut rarement donner toute sa mesure par manque de place. Il lui faut la Scandinavie et ce n’est pas un hasard s’il est né là-bas.
On ne fait pas du ski nordique sur une piste tracée avec des rails qui interdisent le moindre écart. C’est la négation de la discipline car dans le mot “nordique”, il y a “Nord” et dans le Nord, il n’y a pas de rails ! On peut faire de belles balades sur les rails mais ce n’est pas du ski nordique, c’est du ski de fond.
SRN : en 1996, tu as traversé les Pyrénées : y a-t-il une similitude avec une traversée en Laponie ?
Marc Breuil : les Pyrénées, c’est une grande traversée à ski de rando. Je suis parti du Canigou, au-dessus de Prades et je suis arrivé au Pays Basque en ne déchaussant les skis que 6 fois, quelques dizaines de mètres chaque fois pour traverser les routes. Il y a 42 étapes et je ne suis jamais descendu dans aucune vallée. Des amis m’ont accompagné sur certaines parties et j’ai fait une vingtaine d’étapes en solitaire. Mais on ne dira jamais assez que le ski de rando dans les Pyrénées est nettement plus difficile que dans les Alpes. Il n’y a jamais d’étape facile dans les Pyrénées et il faut toujours être très concentré. Pas le temps de penser à autre chose que sa course.
La Laponie, c’est très différent. C’est une grande traversée à ski nordique, sans aucune trace. Donc ski nordique, pulka, tente, autonomie etc. C’est plus facile que les Pyrénées, pas d’avalanche, de barre rocheuse, de col raide à franchir etc. Et puis les paysages n’ont rien à voir. La plupart des gens que je connais ne supporteraient pas la Laponie ! Beaucoup de temps pour la contemplation. Mais j’ai adoré les deux.
SRN : est ce qu'à l'époque de la publication de ton livre la notion de raid à skis était répandue en France ? Qu’en est-il de nos jours ? Par exemple : était-ce "banal" de traverser le Massif Central ?
Marc Breuil : la réponse dépend de ce que tu entends par “raid à skis”. Il y a 2 situations : le raid à skis alpin et le raid à skis nordique.
Si on parle de ski alpin, la réponse est “Oui, depuis très longtemps “. Il ne faut pas oublier que la première de Chamonix-Zermatt remonte à 1908, que Léon Zwingelstein a traversé intégralement les Alpes à skis en 1933 et Walter Bonatti en 1956. Dès les années 30, le raid à skis est pratiqué dans les Alpes et les Pyrénées. Dans les années 50/60, la Vésubie, Nice-Briançon, la Vanoise, Chamonix-Zermatt, les Pyrénées entre l’Ossau et Gavarnie sont très classiques. Alors tu comprends bien qu’au moment de la sortie de mon livre, à la fin des années 80, le raid à skis alpin était extrêmement courant, au moins autant qu’aujourd’hui et peut-être même un peu plus !
Le cas du raid nordique est très différent. Il est inconnu en France jusqu’au début des années 70 où il se développe après les JO de Grenoble (1968). Et encore, au début, c’est du ski de fond à plat sur des pistes.
A titre d’exemple, je te dirai que j’ai effectué personnellement la Traversée de la Margeride et des Monts Lozère à Noël 1969. Ce fut un évènement dans la région. Nous avions été interviewés par la presse locale et nos photos étaient dans les journaux. Personne n’avait jamais vu un skieur du côté de Paulhac, Lajo ou Génolhac. Le Maire de Paulhac, que j’ai revu cette année, s’en souvient encore, 40 ans plus tard ! La revue “La Montagne “ m’avait demandé un article sur le sujet qui a paru en 1970, tu peux le retrouver facilement.
C’est dire qu’à l’époque, le raid à skis nordique n’existait pas en France.
Par la suite, il s’est développé un peu, surtout dans le Jura et le Vercors à la faveur d’années bien enneigées. Pour répondre à ta question sur le Massif Central, ce n’était pas courant et les Mouraret, grands spécialistes du coin étaient des pionniers. D’ailleurs, hormis en 2009, le Massif Central souffre cruellement du manque de neige depuis une vingtaine d’années.
SRN : le voyage au long cours est une passion…. Tu as traversé la Laponie en solo, fais de longues incursions au Groenland, Terre de Baffin, Spitzberg. Peux-tu nous en dire plus sur tes motivations ?
Marc Breuil : le voyage est effectivement une passion mais pas n’importe quel voyage. Pas question pour moi de partir avec un voyage organisé du genre l’Everest en 22 jours de Paris à Paris ou tout le Groenland en 3 jours au départ de Copenhague.
Hormis le Sahara et l’Antarctique qui sont des cas très particuliers dont on pourra reparler, je n’ai jamais participé à un voyage organisé par une agence ou un guide quelconque. Nous avons toujours organisé nos voyages nous-mêmes et je pense que la préparation fait partie du voyage. Pour moi, ce n’est pas une corvée mais plutôt un plaisir et il est important de préparer en commun avec les participants.
Beaucoup de mes voyages se sont déroulés soit dans l’Arctique (Alaska, Baffin, Groenland, Islande, Svalbard), soit en Scandinavie (Laponie, Sarek, Lyngen, Hardanger), soit en Asie Centrale et plus particulièrement au Pakistan et au Karakoram où se trouvent, sans aucun doute possible, les plus belles montagnes du monde. J’y suis allé 8 fois et ne plus pouvoir retourner là-bas est une grande tristesse.
Ces voyages ont souvent eu pour but de l’alpinisme ou du ski de rando alpin ou nordique. Mais il y aussi le kayak de mer, la méharée saharienne et, plus simplement, la visite de certains pays, notamment au Moyen-Orient, en Amérique Latine ou en Géorgie du Sud.
SRN : partages tu ta passion ?
Marc Breuil : oui, avec Béatrice, qui est ma compagne depuis plus de 15 ans. Mais je suis en retraite et Béatrice n’y est pas, ce qui complique un peu les calendriers.
SRN : le ski n'est pas ton seul atout, tu nous as soufflé que tu faisais du Kayak ?
Marc Breuil : il est vrai que je pratique le kayak de mer avec Béatrice. C’est très étonnant pour ceux qui me connaissent car je ne suis pas du tout marin. Je n’aime pas l’eau, j’en ai même peur et je n’ai jamais su nager ! Je suis la dernière personne qu’on imaginerait sur un kayak. Et pourtant …
C’est Béatrice et une de nos amies qui m’ont entraîné sur un kayak pour la première fois de ma vie, il y a 13 ans. On a fait une traversée de près de 500km le long de la côte nord de la Terre de Baffin au cours de l’été 1997. Avec ours, narvals, phoques, baleine, tempête etc. Je n’avais jamais vu un kayak de ma vie et j’ai trouvé cela génial. C’est une approche différente de celle du ski et de l’alpinisme mais avec beaucoup de points communs : les grands espaces, la liberté, une nature superbe, un engagement très fort dans des lieux inhabités, la notion de traversée en autonomie complète. Et puis, naviguer au milieu des glaces, quel bonheur ! Deux ans plus tard, on a acheté un kayak d’expédition et on a remis cela au Groenland, puis, deux autres fois en 2007 et 2009 sur la côte ouest du Groenland. Toujours sublime car on accède à des endroits où l’on ne peut pas aller autrement qu’en tout petit bateau. Après un grand tour sur la cote Nord-Est du Groenland cet été 2010, je trouve toujours cela extraordinaire. Voila pour le kayak de mer.
Pour en finir avec le chapitre “voyages”, je pratique aussi la méharée saharienne depuis 2 ans avec toujours les mêmes sensations. Durant l’hiver 2008, nous avons fait une grande méharée de 1000km dans le Sud Algérien en 5 semaines. J’ai aussi beaucoup aimé et j’y suis retourné 2 fois cette année.
SRN : qu’elle est la grande traversée que tu as préférée ?
Marc Breuil : question bien difficile. Je pense cependant que 4 raids sont pour moi inoubliables et je conserve à jamais un fabuleux souvenir des Alpes de Stauning (1984), de la Traversée du Karakoram (1990), de la Traversée des Pyrénées (1996) et de la Traversée Clyde-Pond à Baffin (2005). Pourquoi ces 4 là ?
Les Alpes de Stauning : c’était vraiment une expé parfaitement réussie. Tout y était : un massif magnifique, des difficultés techniques, mais pas trop, une bonne ambiance d’équipe, une météo sublime, une préparation sans aucune erreur, des incidents très bien surmontés qui rompent la monotonie et, en prime, une première à skis pour une bonne partie du parcours. Et puis, sur un plan personnel, cette expé m’a apporté la satisfaction d’un travail bien fait car c’est moi qui avais conçu, organisé et exécuté l’ensemble du voyage.
Le Karakoram, c’est sans aucun doute le raid à skis le plus grandiose que l’on puisse faire, tous massifs confondus. Le seul regret est de n’avoir traversé que la partie occidentale du massif et non l’intégralité pour des raisons politiques liées à la guerre entre l’Inde et le Pakistan qui interdisaient de franchir le col Conway à 6000m d’altitude. La première traversée à skis des glaciers d’Hispar et de Biafo en 1987, puis l’intégrale de la partie ouest 3 ans plus tard ne peuvent être oubliées. Franchir avec une pulka, le col ouest de Mustagh à 5600m, au soleil couchant, en découvrant soudain la Chine, le K2, les Gasherbrum et une forêt de sommets de plus de 7000m constitue un moment très fort qui marque une carrière de skieur de raid.
Les Pyrénées, c’est une autre aventure avec, une fois de plus, la notion de traversée d’un massif. L’engagement, la difficulté de l’itinéraire et ses dangers, la fatigue qui s’accumule pendant des semaines, la solitude, l’échec plusieurs fois assez proche et l’inquiétude de ne pas réussir malgré une forte motivation, tout ceci permet de ressentir une immense joie lorsque, finalement, on a réussi.
Clyde-Pond, c’est encore une grande traversée. Mais celle-ci était particulière car j’étais seul avec Béatrice pendant les deux tiers du parcours. J’ai donc partagé cette aventure avec elle et nous avons là aussi connu des moments difficiles. Et puis, une fois de plus, solitude, engagement, nature superbe et autonomie au programme. Mais si tu veux vraiment que je choisisse un des 4, alors c’est le Karakoram !
Un grand merci à Marc Breuil pour cet échange captivant. Marc continue à parcourir le monde puisqu’au printemps dernier, il découvrait pour une énième fois la Norvège du Sud avant de s’envoler pour la côte est du Groenland où son kayak l’attendait. Il en revient tout juste (4 septembre !) et avoue que le Scoresbysund pourrait être sa 5ème traversée préférée !
Bibliographie :
- La traversée des Pyrénées à skis (Du Canigou Au Pic D'orhy) - Éditeur : 3 Sup Editions
- Ski Nordique (France, Scandinavie, Grand Nord) - Éditions Denoël